S/T/R/A/T/E/S

Performance pour quatre artistes

Comment le passé traverse-t-il nos corps?
C’est à cette question que Bintou Dembélé se confronte avec S/T/R/A/T/E/S, qui explore des passés refaisant surface dans les interstices, de manière cyclique. La performance évoque les strates de l’inconscient, les empilements d’histoires qui s’enchevêtrent et nous habitent sans que nous en ayons une claire connaissance.
En partant de deux danses contemporaines, le hip hop et le krump, S/T/R/A/T/E/S interroge les passés qui s’expriment dans les mouvements des danseuses et revient alors aux éléments les plus essentiels de ces danses : quelles tensions sont perceptibles dans les respirations? Que nous révèlent les formes de mouvement alternatives inventées par ces danses – marcher à l’envers, tourner sur la tête (hip hop), se déformer le visage pour exprimer sa rage (krump)?
Dans cette recherche des passés et des mémoires, les danseuses sont accompagnées par une recherche musicale, une voix qui va chercher au tréfonds de la conscience et une guitare qui aidera les corps à s’apaiser.
Les artistes évoquent la mémoire corporelle et réinventent ensemble un vocabulaire. L’éveil de tensions lointaines anime des états de corps partagés. Revenir sur ces passés, les sortir de leur silence, les reconnaître, telle semble la voie de l’apaisement.
S/T/R/A/T/E/S creuse dans les abîmes des interprètes pour toucher ceux des spectateurs. Leur permettre leur propre quête par une mise en scène à la fois dépouillée, c’est-à-dire ouverte à une multiplicité d’imaginaires, et proche d’eux.
La pièce relève autant du rituel que de la création chorégraphique, autant de l’incarnation, que de l’interprétation. La voix emporte chacun dans ses strates. La krumpeuse encaisse et fait résonance des tensions communes. Le multiinstrumentiste se positionne dans une attitude d’écoute, traduisant les états de corps en notes et en accords.

Bintou Dembélé
Reconnue comme l’une des pionnières du hip hop, elle adopte cette culture de la rue et de l’image qui façonne sa singularité. En quête de son identité, le parcours de Bintou Dembélé, danseuse et chorégraphe, suit un chemin personnel. Elle développe la relation du corps à son histoire tout en créant une danse sensible aux sources de sa culture d’adoption, le hip hop.
Elle conjugue l’intériorité et travaille en profondeur sur des états de corps, tout en gardant la vigueur du hip hop et de l’école de la rue dont elle se réclame. Elle laisse parler le corps par intuition. Le mouvement dévoile des atmosphères, par une gestuelle délicatement borderline, qui contraste avec des silences donnant naissance à un geste serein. Sa danse se caractérise par la richesse et l’inventivité de son rapport aux rythmes de la musique, de petites boucles se répètent s’amplifient et se confondent par moment. Son corps lâche-prise crée des ruptures de mouvements et des arrêts.

Cie Rualité
La cie Rualité a été fondée en 2002 par Bintou Dembélé qui rassemble autour d’elle des danseurs hip hop venus de l’univers des Battles, des photographes et vidéastes (Enrico Bartolucci, Denis Darzacq…), des chercheurs et des universitaires (Sylvie Chalaye, Françoise Vergès) à la recherche de nouvelles formes d’engagement dans la représentation.
La cie Rualité œuvre pour l’accès à la culture pour tous, notamment dans les zones prioritaires et les territoires d’Outre-mer. Implantée en Essonne à Morangis depuis 2004, Bintou affine un travail de transmission allant de l’initiation à la compétition en passant par la création artistique. Ses projets sont développés en métropole et en Guyane.

Le projet que Bintou Dembélé insuffle à la cie Rualité associe cinq composantes :
– sa passion de la création chorégraphique et la recherche artistique
– l’attention particulière qu’elle porte aux territoires d’accueil et d’ancrage et la relation aux publics
– son engagement pour le développement du hip hop et de ses acteurs
– sa volonté réfléchie de transmission en tant que pédagogue mais aussi de porteuse de projets
– son dessein de fédérer un groupe d’artistes venus de différentes disciplines, dans l’optique de mettre en commun un espace de recherche, construction et de réalisation de projets.

Bintou Dembélé est résolument tournée vers le développement sur le long terme et sur un territoire. Ses choix sont de l’ordre d’un engagement. Depuis toujours elle s’implique sur le terrain et agit en Guyane depuis plus de dix ans pour le développement du hip hop, par des propositions pédagogiques chorégraphiques et la mise en place de dispositifs allant à la rencontre de tous les publics.

Chorégraphie et danse : Bintou Dembélé
Krump : Anne-Marie Van dite Nach
Musique : Charles Amblard
Voix : Charlène Andjembé
Création lumière : Cyril Mulon
Son : Vincent Hoppe

Production : cie Rualité
Coproductions : le Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez, Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines (Fondation de France, Parc de la Villette, Caisse des Dépôts et l’Acsé), le Collectif 12 (Mantes la Jolie, avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France dans le cadre d’une aide à la résidence), le Centre de Danse du Galion d’Aulnay-sous-Bois.
Avec le Soutien du Conseil général de l’Essonne, du Conseil général Val-de-Marne et de la Ville de Morangis.

La cie Rualité est conventionnée au titre de la permanence artistique et culturelle de la Région Île-de-France.

En résidence à la Coursive
du 20 au 29 octobre